[ Le quartier des chutes Chaudière : décontaminer tout en sauvant notre patrimoine archéologique industriel ]
Gatineau, le 21 juin 2018 – À l’heure où Dream-Windmill songe à faire une nouvelle demande de financement auprès de la ville de Gatineau pour achever la décontamination des terrains Zibi, de nouveaux paramètres recensés par notre organisme en 2017 pourraient aider les élus à jeter les bases d’un dialogue déterminant avec le promoteur immobilier torontois.
Sauvegarder notre patrimoine industriel remontant à 1829
Lorsqu’en janvier 2016 le conseil municipal approuvait les conditions du développement du projet résidentiel Zibi, le projet devait permettre de préserver et de rehausser les caractéristiques patrimoniales, industrielles et transhistoriques du site du quartier des chutes Chaudière.
Seulement cette préservation n’est que de surface car, essentiellement, la protection légale vise l’enveloppe de quatre bâtiments de l’ensemble industriel E.-B. Eddy. La valorisation du site industriel est, en conséquence, lacunaire car elle se limite au potentiel d’évocation de l’histoire industrielle de la région de l’Outaouais de la fin du XIXe siècle.
La caractérisation de notre patrimoine archéologique industriel devrait pourtant reposer sur une image globale de l’industrialisation et de ses vestiges. Le site des chutes Chaudière, lié à la naissance de la capitale du pays, se révèle être «un microcosme d’importants marqueurs de l’histoire du Canada» (Boucher 2012 : 114). Les Chaudières furent témoin des trois grands stades de l’évolution de l’exploitation forestière : le bois équarri, le bois de sciage, les pâtes et papiers.
Les chutes Chaudière : comprendre un site majeur
Chez nous, les raftsmen nous ont laissé que trop peu de traces de leur passage. Cependant, les chutes Chaudière qui sont un lieu particulièrement redoutable en raison de la force du courant, ont forçé les Wright à construire au début du XIXe siècle le premier prototype de glissoire à cages (1829) nécessaire pour faciliter les opérations gigantesques des cageux de l’Outaouais. La construction de cette glissoire à cages, nommée Hull Slide, a été rapidement imitée du côté de l’île Victoria à Ottawa; celle-là étant toujours visible et accessible. Plus de 15,500 cages (poids moyen de 40 tonnes/cage) auraient transité par ces glissoires, rien qu’en 1852.
Les chutes Chaudière ont aussi été un lieu d’entraide collective. Aujourd’hui symbolisant un pont entre les cultures francophones et anglophones, alors qu’hier, considérées comme un lieu hautement spirituel par les autochtones, il n’est pas étonnant que la Commission de la Capitale Nationale intègre les chutes Chaudière dans un secteur désigné « cœur de la capitale ». Le centre-ville de Gatineau est un important point d’entrée au Québec (CCN 2005 : 171) et, en 2012, le gouvernement provincial reconnait l’Outaouais comme «Porte d’entrée du Québec ». Cette désignation gagne du sens lorsqu’on prend conscience que c’est ici que les raftsmen et les draveurs, deux métiers oubliés, ont ouvert la voie à un Québec moderne et industrialisé.
Trouver un compromis
Voulant refiler à la ville de Gatineau une partie des coûts de la facture de décontamination de ses terrains Zibi, le promoteur immobilier Dream-Windmill gagnerait à s’engager auprès de la ville de Gatineau dans le processus de mise en valeur de la glissoire à cages, la Hull Slide, située sur ces mêmes terrains. Ces travaux pourraient être effectués en même temps pour mutualiser les frais.
C’est là, une belle occasion à saisir pour Dream-Windmill qui souhaite afficher dans tous ses projets un «rendement écologique, social et financier supérieur» découlant de sa politique de développement durable, à trois piliers, associée à la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) ».
Les derniers vestiges de la glissoire de Hull sont aujourd’hui laissés à l’abandon, alors qu’exploitée, elle pourrait devenir un symbole important pour notre ville. D’autre part, il faut demeurer attentif aux sous-sols qui recèlent, potentiellement, des vestiges archéologiques industriels qui seraient exploitables, sans pour autant entreprendre des fouilles plus profondes. La valorisation de ce patrimoine fédérateur et identitaire pour Gatineau, l’Outaouais et la province, va de soit.
Citations ressources :
Après le Saint-Laurent, la rivière des Outaouais demeure incontestablement la voie d’eau la plus chargée d’histoire au pays. C’est un élément de notre patrimoine auquel on devrait accorder plus d’importance dans la recherche de notre identité et de notre avenir. – M. Gilles Boileau, historien
Les cageux transportaient les billots de bois à l’aide des trains de bois sur la rivière des Outaouais et sur le fleuve Saint-Laurent. Considérant le travail exceptionnel de ces « voyageurs » et le volet identitaire de ce nom, le comité de toponymie est d’avis de retenir le nom «Le Quai-des-Cageux». – Rapport d’analyse no 296 (2005) du Comité de toponymie de la ville de Gatineau
Les chutes Chaudières ont une mémoire, et nous avons pour devoir de l’entretenir par des actions concrètes. – Isabelle Regout, présidente d’A.B.C. Stratégies
Ce vestige industriel de la glissoire témoigne des «grandes réalisations du passé» et nous sommes tous gagnants à mettre en valeur ce patrimoine de haute importance en retraçant l’épopée spectaculaire des cageux (1806 à 1908). – Alexandre Pampalon, coordonnateur de projets pour A.B.C. Stratégies
La protection et la mise en valeur des collectivités et de leurs écosystèmes sont au cœur de toutes nos activités de conception et de construction. – windmilldevelopments.com
– 30 –
Pour information : Ambre-Jade Rivière, Communication et médiation culturelle, (819) 500-9109 ou info@abcstrategies.com
Laisser un commentaire